jeudi 7 mai 2015

Elevage intensif : les poulets le paient chair



L'élevage de poulet de chair en France s'élève chaque année à presque 1 milliard d'individus. Sur l'immensité du nombre, c'est une proportion non moins impressionnante - avoisinant les 80% - qui est élevée en batterie. C'est le sort de plusieurs centaines de millions de poulets qui se joue dans des hangars tenant lieu de poulailler comme une fosse sceptique sert de chambre à coucher.

Dans ces hangars, où s'amoncellent jusqu'a 100 000 individus comme un fatras indiscernable de becs, de plumes et de chair, les poulets évoluent à un rythme accéléré pour une rentabilité maximale et coût minimal. Ses muscles grandissent plus vite que ses os et tendons. Le poulet lui-même est fragilisé, son coeur au même titre. On fait porter au poulet plus de poids que son corps ne le peut comme on ferait reposer une enclume sur une étagère en paille. La capacité productrice est maximisée, optimisée.

Optimisation. Comme un comptable optimise les comptes pour alléger l'impôt, les élevages intensifs optimisent le poulet pour alourdir les hangars. Dans ces bâtiments industriels, jusqu'à 23 individus se partagent un mètre carré soit l'histoire d'une vie tenant sur une feuille A4. Et pourtant, c'est un roman qu'il faudrait pour exprimer les conditions dans lesquelles ces poulets endurent leur courte vie.

Durant les 5 semaines que durent le supplice de celui qui devra ravir vos papilles et celles de vos enfants, jamais la litière qui lui tient aussi lieu de nid n'est changée. Le poulet, imbibé d'ammoniaque que les urines et les fientes de ses pairs infusent sur sa couche, souffre de pathologies innommables. Ces hangars étant dénués de tout enrichissement ni corniches ni perchoir, sa chair est enflammée, sa peau désquamée, ses plumes arrachées par la promiscuité et les frottements à ses congénères.

Le poulet est certes un animal social. Il est toutefois certain que les poulets d'élevage auront parfois la tentation de la solitude. Ils la trouveront. Après le râle du couperet à l'abattoir.

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